Au Standard, Lazare fait bien les choses

Il n’y a pas si longtemps, le Standard aurait sans doute perdu ce match bien tristounet face au Cercle de Bruges. Mais samedi, et un peu comme ils le font depuis le début de saison, les Rouches se sont arrachés pour gratter ce point du partage dans les arrêts de jeu (1-1). Ironiquement, et symboliquement, le but égalisateur sort des pieds d’un autre grand revanchard : Lazare Amani, revenu de loin après une interminable traversée du désert à l’Union.

Star un jour, pestiféré le lendemain. En sport, et a fortiori en football, les choses peuvent parfois aller très vite. Lazare Amani est bien placé pour le savoir.

Pendant longtemps, il était pratiquement indétrônable à l’Union. Ses partenaires de l’entrejeu avaient beau défiler, lui, restait titulaire contre vents et marées. 28 matches de Pro League en 2022, 30 l’année suivante, 23 la saison dernière, bilan solide, à l’image du joueur finalement.

Et puis, l’été dernier, l’énième grand chamboulement au Parc Duden. Comme tous les étés, ça bouge dans tous les sens. Des arrivées, des départs, des gagnants et des grands perdants. Sébastien Pocognoli, jeune coach ambitieux, débarque et Lazare Amani en fait (très) vite les frais.

Quelques minutes ingrates dans des fins de matches en début de saison (52 minutes au total en 8 matches), un passage plus convaincant à l’aube de l’hiver (5 titularisations d’affilée) et puis… plus rien. Black-out total, à partir de mi-novembre l’Ivoirien ne joue plus du tout. Sur la scène européenne, il est carrément éjecté de la liste unioniste.

Un camouflet pour ce grand timide, qui ronge son frein en silence : « On ne peut plus revenir sur cette décision. Je me suis battu la saison dernière pour jouer ces matchs de Coupe d’Europe, donc j’étais déçu et dégoûté, mais cela fait partie du football » confiait-il, malgré tout, à l’époque, à la DH.

Il semblait donc inéluctable que l’histoire entre Amani et l’Union allait se terminer en eau de boudin après plusieurs années de divine idylle. A l’arrivée, alors que le joueur était cité en Turquie, c’est le Standard, orphelin d’Isaac Price parti en Championship, qui a flairé le bon coup en profitant de ses excellentes relations avec la direction bruxelloise pour mettre le grappin sur l’Ivoirien cet hiver.

La suite, on la connaît, Lazare soigne ses présentations à Sclessin en disputant une minute symbolique contre Dender, avant de jaillir de nulle part pour crucifier le Cercle de Bruges à la 98e minute une semaine plus tard. Un but miraculeux, sur le fond comme sur la forme, qui offre un point inespéré au Standard et, surtout, redonne le sourire à un joueur qui semblait l’avoir perdu ces derniers mois : « Je voulais montrer que j’étais toujours Lazare. Je me sens de nouveau footballeur. Enfin ! Ça faisait vraiment longtemps que je n’avais plus joué. Ça a été une période difficile, mais je veux la laisser derrière moi et me concentrer sur le Standard » confiait-il, euphorique après son premier but depuis… mai 2023, au micro d’Erik Libois.

Le message est passé et nul doute qu’il n’est pas tombé dans l’oreille d’un sourd en Bord de Meuse. Si consistant sous Ivan Leko, ce Standard se cherchait malgré tout encore des soldats supplémentaires. Il pourrait bien l’avoir trouvé en la personne d’Amani. Parce qu’après plusieurs mois frustrants, Lazare semble décidé à bien faire les choses dans son nouveau club.