Menu Standard
Add more content here...

Bokadi se livre sur son avenir au Standard : “Je n’ai aucune envie de partir, je me sens chez moi à Liège”

Présent à Sclessin depuis six ans, Bope Bokadi fait partie des meubles et pourtant, le Congolais veut encore s’inscrire dans la durée.

Dans le monde médiatique, il n’est pas ce qu’on peut qualifier de bon client. Timide, réservé mais toujours souriant, Bope Bokadi n’est pas de ceux qui s’épanchent dans la presse. Et pourtant, des choses à savoir sur le Congolais de 26 ans, il y en a. Alors qu’il est le deuxième joueur le plus ancien du vestiaire (arrivé en mars 2017) avec Kostas Laifis, on a l’impression de ne pas réellement savoir qui est Bope Bokadi. Qui a décidé de répondre à nos questions et ainsi se livrer davantage sur plusieurs thèmes.

Son avenir

“Je veux rester et encadrer les jeunes”

Tout comme Laifis, Bokadi entrera dans la dernière année de son contrat la saison prochaine. Avec 127 matchs au compteur, celui qui a été bloqué dans sa progression par les trop nombreuses blessures au point d’avoir manqué 62 rencontres passées à l’infirmerie (soit 515 jours d’absences cumulés) n’entend pas mettre un point à son aventure en Rouche. “On a déjà un peu discuté avec le club et les dirigeants savent que je me sens bien ici. Je n’ai connu que deux clubs dans ma carrière, le TP Mazembe, et le Standard. J’ai deux familles, l’une à Lubumbashi et l’autre ici, à Liège. Avec ma famille, on s’y plaît. Mes enfants (une fille, Merxia et un garçon, Joseph) sont nés au Congo mais ils ont grandi à Liège. C’est pourquoi je n’ai pas envie de bouger. Si le club reçoit des offres et que je dois partir, on en parlera mais moi, mon but est de me focaliser sur le jeu et surtout, de rester au Standard.” Autrement dit, le défenseur central n’est pas contre l’idée de prolonger et d’entourer la nouvelle génération rouche. “Je ne veux pas partir pour partir, si on me propose un contrat longue durée et encadrer les jeunes, je ne dirai pas non.”

Ses blessures

”Je peux m’estimer heureux de pouvoir encore jouer”

Si vous regardez dans le dictionnaire au mot poissard, vous tomberez sans doute sur le nom de Bokadi dans la définition. Depuis 2017, le défenseur s’est rompu le ligament interne des deux genoux ainsi que le tendon d’Achille. Ces graves blessures l’ont empêché de disputer deux finales de Coupe de Belgique mais ne comptez pas sur lui pour se lamenter. “Je suis quelqu’un de très pieux. J’ai énormément prié durant ces périodes de blessure. Ces prières m’ont aidé à traverser ces épreuves et à toujours avoir la force de revenir et de progresser. Je n’ai jamais été du genre à ressasser car cela ne sert à rien. Si c’est arrivé, c’est que cela devait se passer ainsi. Je peux m’estimer heureux d’être encore là, face à vous, pour évoquer l’avenir.” Et l’avenir, le Congolais veut l’écrire au Standard. “C’est vrai que mon palmarès est vierge puisque j’étais blessé en 2018 quand on a remporté la Coupe. Gagner un titre, de préférence le championnat, avec le Standard, c’est ce qui m’anime chaque jour. J’aimerais laisser ma trace au club.”

Ses débuts en RDC

”À N’djili, on me proposait de l’argent pour jouer des tournois”

Enfant, c’est sur un terrain vague de N’djili (Kinshasa) non loin de l’aéroport, que Bope Bokadi a fait ses premiers pas dans le foot. “Les voitures traversaient le terrain lorsque les gamins jouaient”, nous précise celui qui revêt une importance capitale dans la vie du Standardman, Régis Laguesse. “C’est lui qui m’a découvert à N’djili”, se remémore, sourire aux lèvres, le défenseur. “Il m’a sorti de Kinshasa pour signer au TP Mazembe. Il a en quelque sorte changé ma vie et celle de ma famille. En 2012, je me souviens d’avoir voyagé pour la première fois en Europe (NdlR : en Suisse) pour un tournoi (Fifa Blue Stars). C’était incroyable. Par la suite, il m’a beaucoup aidé lors de mon passage en Europe car ici, je ne connaissais personne.” Bokadi a parcouru pas mal de chemin depuis le terrain de N’djili. “À l’époque, j’étais un peu celui qu’on s’arrachait”, rigole-t-il. “Des gens venaient souvent me proposer de l’argent pour aller jouer des tournois. Mais moi, j’ai toujours pris le foot sous le prisme de l’amusement.”

À cette époque, Bope n’avait qu’un seul plan de carrière : “quitter l’Afrique pour l’Europe. J’ai vu les grands frères comme Dieumerci Mbokani y réussir, je voulais avoir ma chance au Standard. C’était mon unique rêve : venir ici et progresser tout en aider l’équipe.”

Son rapport à l’argent et à la famille

”Je ne veux pas gâcher ma chance”

À ses débuts au TP Mazembe, Bokadi est entré dans un nouveau monde, seul, loin de ses proches, il a dû gérer un nouveau facteur dans sa vie : l’argent. “En Afrique, avec 1.000 dollars vous êtes considérés comme millionnaire”, précise Régis Laguesse qui se souvient que son ancien joueur a rapidement eu de mauvaises fréquentations. ” Et comme souvent dans ces cas-là, vous avez subitement de nouveaux amis, beaucoup d’amis. C’était le cas de Bope. Ses fréquentations n’étaient pas bonnes et il s’est égaré durant cinq à six mois.”

Des propos que le principal intéressé confirme. “Il a raison. J’ai grandi dans une famille nombreuse et du jour au lendemain, je me retrouve seul, dans une autre ville loin des miens sans personne pour avoir un contrôle sur moi. Quand tu es jeune et que tu commences à gagner de l’argent, tu fais un peu n’importe quoi mais heureusement, cela n’a jamais dégénéré me concernant.”

« Seul, à mes débuts, j’ai un peu fait n’importe quoi mais ça n’a pas duré. »

Aujourd’hui, Bokadi est assez discret au niveau de son train de vie, à une exception près : “Ah, les vêtements (rires). Chez nous, les Congolais, la sape (sic), c’est inné, même si on n’a pas beaucoup d’argent, on aime être bien habillé. J’avoue que c’est mon péché mignon. Pour le reste, je suis quelqu’un de raisonnable. Je pense surtout au bien être des miens au pays. Je n’oublie pas d’où je viens et je ne veux pas gâcher ma chance et celle de ma famille.”

Une autre passion du Congolais est la musique et plus particulièrement le chant. “J’adore la musique depuis toujours mais c’est surtout depuis que je suis footballeur que les gens me disent que je pourrais en faire ma reconversion. Suivre les pas de Yannick Noah, pourquoi pas mais j’ai encore le temps pour penser à ça (rires).”

Son jeu et sa relation avec Deila

”Je préfère prendre des risques et sortir proprement”

Combien de fois n’avons-nous pas souligné les prises de risque dans le jeu de Bokadi ? Combien de fois le Congolais n’a-t-il pas donné des sueurs froides à ses supporters. “Je sais”, rigole-t-il. “Mais c’est mon style et cela ne changera pas. J’aime prendre des risques et sortir proprement plutôt que de dégager le ballon n’importe où. Cela me vient de mon passé de médian. Quand je m’élance, je ne pense pas à aller trop loin mais plutôt à casser des lignes.”

« L’approche de Deila, je n’avais jamais connu ça au Standard. »

Depuis l’arrivée de Ronny Deila, ce dernier a déjà eu des discussions avec son joueur, notamment sur son style de jeu. “J’adore ce coach, c’est sans doute l’un des meilleurs que j’ai pu avoir dans ma carrière. Il est très humain en dehors du terrain mais une fois l’entraînement commencé, il se montre intransigeant.” Bokadi l’a d’ailleurs appris à ses dépens en début de saison en revenant hors forme et en surpoids au club. “Je l’ai reconnu et le coach n’a d’ailleurs pas hésité à se passer de mes services. Il est exigeant et ne tolère pas qu’on ne soit pas à 100 %. En début de saison, j’étais un peu blessé et donc à 70 % mais je voulais jouer. Il m’a freiné et m’a demandé de revenir au top avant de retrouver le terrain, ce que j’ai fait.”

Ce que Bokadi apprécie tout particulièrement chez son T1, c’est qu’il met le travail de ses joueurs en valeur. “Lors du stage à Marbella, il a eu des entretiens avec tous les joueurs durant lesquels il nous a montré des vidéos de nous au début de saison et d’autres de nos prestations récentes. Le but étant de mesurer les progrès que nous avions effectués. Je n’avais encore jamais connu ça auparavant et ça donne envie de se surpasser pour lui.”

Les jeunes défenseurs rouches

”Ngoy voulait se précipiter, je lui ai dit de prendre son temps”

À Sclessin, la relève est assurée défensivement avec Hautekiet, Noubi et Ngoy. Ce dernier, très proche de Bokadi, a un point commun avec son aîné. “Il a été blessé (NdlR : opéré des ischios) alors qu’il était en pleine ascension. On en a beaucoup parlé durant le stage comme nous étions dans la même chambre”, précise le joueur de 26 ans. Bokadi a alors dû freiner le jeune Ngoy. “Il était titulaire quand il s’est blessé. C’est pourquoi il voulait revenir au plus vite. Mais je lui ai dit de prendre son temps, de ne pas négliger sa revalidation d’autant qu’à chaque fois qu’il revenait, il rechutait. Je lui ai dit : ‘fais tes soins, ne te précipite pas, ton jour viendra.’ Il a clairement l’avenir devant lui tout comme Noubi qui a montré, à chaque fois qu’il a joué, un excellent niveau. La jeune génération emmenée par eux ou encore Canak est extrêmement prometteuse.”

Les binationaux

”Ça doit venir de tes tripes”

La Pro League a toujours été pourvoyeuse de talents pour l’équipe nationale de la République démocratique du Congo. Les derniers à avoir été appelés sont le Carolo Joris Kayembe et le Rouche William Balikwisha qui ont dû poser un choix.On parle beaucoup de la sélection avec William”, assure Bokadi. “Il m’a posé beaucoup de questions. Ses craintes concernaient le côté organisationnel. Ce que je peux comprendre. La plupart des binationaux hésitent à cause de soucis d’organisation qu’on a déjà pu rencontrer. Mais comme je lui ai dit, l’équipe nationale, c’est un choix du cœur. Si tu ne le sens pas au fond de tes tripes, alors ne viens pas.” Le Standardmen tient ensuite à tranquilliser son coéquipier en club. “Avec le nouveau sélectionneur (Sébastien Desabre) , il y a une réelle volonté de professionnaliser la sélection.”

3 thoughts on “Bokadi se livre sur son avenir au Standard : “Je n’ai aucune envie de partir, je me sens chez moi à Liège”

    1. Absolument ardéchois. Une espèce en voie de disparition. Et on lui pardonnera aisément son excès de désinvolture qui peut en agacer plus d’un, tant il paraît parfois trop sûr de lui. mais on a besoin de gars comme ça pour s’installer dans une certaine continuité, au lieu de devoir chaque année tout reconstruire. Merci à toi merveille.

  1. Tout à fait d’accord avec vous les amis.
    Ce sont des gens comme çà , des gens du club, qui apprécient encore les valeurs ,qui vont nous apprendre à revivre normalement.
    Nous avons un bien beau trio défensif qui ne refuseront pas de mettre nos jeunes sur orbite et nous ramener une équipe VRAIE.

Laisser un commentaire