Décidément, 777 Partners ne fait rien pour rassurer les supporters du Standard. Les actionnaires américains n’ont pas respecté le délai de publication des comptes de 777 SDL, la filiale belge qui possède le Standard de Liège. Une opacité de plus venant d’un groupe passé expert en la matière.
C’est une obligation légale pour toute entreprise enregistrée en Belgique. Chaque année, elle doit publier ses comptes à la Banque Nationale de Belgique 30 jours après leur approbation par l’assemblée générale de la société. Pour 777 SDL, si l’on se réfère aux documents publiés au Moniteur belge, l’AG était prévue le deuxième mardi du mois d’avril. Les comptes approuvés devaient alors être publiés à la BNB dans les trente jours qui suivent. En résumé, 777 SDL devait tout partager au 9 mai 2024. Au moment d’écrire ces lignes, rien n’est visible sur le site de la BNB. La publication des comptes accuse donc 5 semaines de retard.
Nous avons sollicité le Standard pour obtenir des explications. Le 6 juin dernier, le club nous confirmait que les Américains envoyaient les documents le jour même à la BNB. Le Standard reconnaissait aussi des problèmes de gestion et ajoutait que les Américains font tout pour se mettre en ordre, mais qu’ils ont été un peu dépassés ces derniers mois au point de perdre ce délai de vue. Nous avons resollicité le Standard avant la parution de cet article, mais nous n’avons pas obtenu de réponse à nos questions.
L’opacité est la mère de toutes les fraudes et dès qu’on parle gros sous et qu’il faut montrer des comptes, 777 disparaît
Quoi qu’il en soit, cela renforce un sentiment de plus en plus fort, le Standard n’est qu’un petit élément parmi les 60 entreprises que gère 777 Partners. Mais surtout, cela confirme qu’une fois qu’on parle gros sous et qu’il faut montrer des comptes, 777 disparaît tel un enfant qui s’éclipse au moment de faire la vaisselle. Une situation qui interpelle nos sources « l’opacité est la mère de toutes les fraudes, avec les faux, et l’usurpation de confiance ».
Ceci dit, en l’absence de publication ou de justification quant au report de la publication, l’administrateur de 777 SDL, Steve Pasko (cofondateur de 777 Partners) s’expose à des amendes financières. Il risque de devoir payer entre 50 et 10.000 €. Si le retard de publication est fait avec une intention frauduleuse, les peines sont plus lourdes, entre 1 mois et 1 an d’emprisonnement.
777 aux abonnés absents
Mais où est passé 777 Partners ? Les Américains sont très discrets depuis plusieurs semaines. En attendant, rien ne bouge au Standard et cela n’augure rien de bon. L’accès aux données confidentielles comme les comptes du club n’est toujours par ouvert aux candidats acheteurs. Le salaire des joueurs pour le mois de mai a été payé en retard, juste avant le passage devant la commission des licences (voir plus bas). Les Américains ont juste fait appel de la saisie des actions, ce qui reste assez logique, mais qui risque surtout d’allonger encore un peu plus la procédure en justice et donc, la revente du club. Mais en dehors de cela, 777 s’illustre une nouvelle fois, ou plutôt, brille par son absence.
Quelques problèmes à régler
Il faut dire que les Américains ont quelques soucis à gérer. Outre leurs problèmes judiciaires, la perte d’un de leurs clubs ou la vente des autres, ils viennent de licencier tout le personnel de leur compagnie aérienne low-cost Bonza, après n’avoir pas trouvé de repreneur. Les administrateurs avaient jusqu’à fin juillet pour trouver un candidat, mais visiblement, ils n’y croient plus. Ils ont donc prévenu les 323 employés de la société aérienne que l’aventure s’arrêtait là. Bonza s’est écroulée quand 777 Partners a cessé de payer les locations d’avions. Tiens, tiens…
Autre mauvaise nouvelle pour le groupe américain, sa compagnie de réassurance 777Re n’est plus cotée. AM Best, l’agence de notation, estime que 777Re n’est tout simplement plus capable de fournir des éléments rassurants quant à sa fiabilité et sa santé financière. 777Re était le bras financier du groupe, sa disparition est un coup dur pour les Américains.
Les dépenses s’accumulent pour 777
777 Partners se fait donc discret, mais se cacher de ses problèmes ne les fait pas disparaître. La saison approche, les entraînements reprennent ce jeudi, dans une ambiance assez froide selon nos sources, avec une demi-équipe et sans staff médical. Les Américains, via la compagnie d’assurances A-CAP, ont surement dû délier les cordons de la bourse pour payer les joueurs. Ce matin encore, les salaires n’étaient pas versés. Mais en début d’après-midi, surprise. L’argent arrive sur les comptes des joueurs alors que le Standard passe devant la commission des licences avec l’espoir de faire lever l’interdiction de transferts. Le club paye en urgence pour répondre aux exigences de la commission. Le Standard se dit d’ailleurs confiant, il nous indique que le contrôle s’est déroulé rapidement et qu’il a répondu à toutes les attentes de la commission. D’après le matricule 16, la levée devrait annoncée ce mecredi.
En attendant, les Américains doivent payer pour récupérer les actions du club et pourraient aussi passer à la caisse si, ce vendredi, la justice tranche en faveur de Bruno Venanzi pour son prêt octroyé au Standard. Jusqu’ici, les Américains prêtaient régulièrement de l’argent au Standard pour lui permettre de garder la tête hors de l’eau, mais cela risque bientôt de ne plus suffire.